Cet été-là fut une plongée, douce et inexorable, vers une mer où tout semblait possible et où pourtant je sentais déjà la perte. Dans les profondeurs de la Méditerranée, l’amour avait la brutalité d'une vague inattendue, un soulèvement incontrôlé, quelque chose qui te happe et te laisse désorienté. Sous l’eau, chaque mouvement devenait une métaphore silencieuse, un langage entre harmonie et chaos. Nous dansions, corps flottants et hésitants, dans une lutte contre les courants qui glissaient entre nous, et je sentais l’inévitable s'infiltrer.
Ces moments sous l'eau s’étiraient, comme si le temps pouvait être suspendu, chaque instant un éclat figé, tantôt proche, tantôt hors de portée. Nos corps, comme des dérivants en quête d’un point fixe, cherchaient à se rejoindre, mais déjà quelque chose se détachait, insidieux, comme une marée froide remontant de l’abîme. Cette distance, aussi douce que cruelle, se déployait sans un mot, sans éclat – un détachement glissant où tout ce que je pouvais faire était de maintenir ma propre apnée, espérant qu’il suffise à nous sauver.
Dans ces rares instants où nous faisions surface, nos corps retrouvant le souffle, je touchais un semblant de clarté. L'amour et l’espoir semblaient renaître, comme si ces éclats d’air suffisaient à apaiser le tumulte en dessous. Pourtant, la Méditerranée, tantôt apaisante, tantôt sauvage, nous ramenait à sa dure réalité. Elle nous rappelait que cette histoire, malgré tout, avançait vers sa propre fin – une fin inévitable, comme toute immersion qui ne peut qu’appeler une remontée.
Dans les derniers instants, dans les derniers gestes, j'ai senti cet éloignement final. Les corps se sont éparpillés dans les ombres bleues, une lente dissolution, une vérité que même les profondeurs n'ont pu dissimuler : l’amour, parfois, ne peut rien contre les courants. Et pourtant, cette plongée laisse une marque, une empreinte, une brisure au creux de la mémoire, un souvenir qui, comme le sel, reste suspendu dans l’eau, pour se cristalliser à la surface, éphémère et éternel.