L'univers du cirque porte en lui quelque chose d'une mélancolie sacrée, entre ombre et lumière. Alors que leur métier consiste à procurer de la joie aux autres, les artistes de cirque vivent souvent dans des conditions précaires et surtout en marge de la société. J’ai passé deux mois à accompagner la tournée du cirque national cubain. Cette année-là pour la première fois de l’histoire deux jeunes artistes nord-américains étaient invités à prendre part au spectacle, une présence symboliquement forte alors que les deux pays venaient d’entamer leur processus de rapprochement. Ce qui m'a fasciné dans cette aventure cubaine, c’est l'incongruité de la vie de ces artistes, mais aussi leur générosité, et leurs moments de solitude. J'ai voulu capturer des instants que le spectateur n'a pas l'occasion de voir, dans l’intimité de leur quotidien, parce que porter à la connaissance de chacun la différence, c'est la rendre belle aux yeux de tous.
Agathe Catel