Eté 2022, un ami m’appelle pour me demander si je veux couvrir le Festival « Cirque
au Sommet » en Suisse. Le cirque, c’est ma came, et les conditions me conviennent, donc je
dis oui. Je pars pour 10 jours à Crans-Montana dans les montagnes. J’en profite pour nourrir
mon travail personnel, celui qui s’inscrit dans un projet global d’anthropologie visuelle du
cirque. Je parcours en effet le monde à la rencontre de ces athlètes de l’ombre et des
sourires qu’ils dessinent. Au grand air, entourée de spectacle, de costumes, de couleurs,
d’acrobates, je me sens bien. Alors je capture tout ça, pour l’emporter avec moi.
au Sommet » en Suisse. Le cirque, c’est ma came, et les conditions me conviennent, donc je
dis oui. Je pars pour 10 jours à Crans-Montana dans les montagnes. J’en profite pour nourrir
mon travail personnel, celui qui s’inscrit dans un projet global d’anthropologie visuelle du
cirque. Je parcours en effet le monde à la rencontre de ces athlètes de l’ombre et des
sourires qu’ils dessinent. Au grand air, entourée de spectacle, de costumes, de couleurs,
d’acrobates, je me sens bien. Alors je capture tout ça, pour l’emporter avec moi.
L’univers du cirque porte en lui quelque chose d’une mélancolie sacrée, entre ombre
et lumière. Alors que leur métier consiste à procurer de la joie aux autres, les artistes de
cirque vivent souvent dans des conditions précaires et en marge du reste du monde. Le
cirque tient du rêve, bien sûr, il est lié à l’enfance, à une dimension de nous-même que l’on
ne veut pas lâcher. Le cirque est un microcosme, doux et chaleureux, riche, multiculturel. Le
berceau du partage, l’indifférence face à la différence. L’admiration, peut-être même de ce
qui est extraordinaire, le contraire en somme, de notre société.
Loin de l’image erronée que l’on peut se faire des artistes, les circassiens travaillent
dur. Ils encaissent la douleur, délivrant coûte que coûte leur spectacle, outrepassant les
brûlures, les courbatures et autres blessures plus ou moins profondes, tels des soldats du
rêve, prêts à tout pour honorer leur mission. Lorsqu’ils ne suent pas, ils réfléchissent, ils
créent, ils cherchent. Les applaudissements du public les grisent et les incitent à poursuivre
leur labeur. Parmi eux, certains n’auraient pas trouvé leur place dans le cadre de la société
conventionnelle, car ils sont un peu hors-cadre ces artistes qui inventent leur propre famille
et imaginent leur propre monde. Qu’ils soient cubains, mexicains, russes, français,
américains, ils parlent tous le même langage. Celui du corps et de la lumière. Une langue qui
prospère, loin de la violence du monde.